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Vous croulez sous le travail, et pourtant vous acceptez une nouvelle mission. Vous essayez une chemise qui ne vous va pas, mais vous l’achetez quand même… Incapable de refuser, vous n’osez jamais dire non.

Comment faire? Explication et stratégie.

Pourquoi se comporter ainsi?

📌 Pour rester un enfant docile… Refuser, désobéir, dire non ? Tout au long de notre vie, nos parents, nos enseignants, nos supérieurs hiérarchiques nous l’ont interdit.💥

➡️ Comme l’explique le psychiatre et psychanalyste Samuel Lepastier, « celui qui n’ose pas s’imposer face à l’autre par un “non” est dans une relation infantile à l’autorité. D’ailleurs, ce sont souvent des personnes qui ont gardé une relation de dépendance à l’égard de leurs parents. »

Vers 2-3 ans, l’enfant est pris entre deux tendances :

🔸 d’une part, la prise de conscience progressive de son autonomie, qu’il exprime en s’opposant systématiquement à la volonté de ses parents, c’est la période dite du “non” ;

🔸 d’autre part, la peur de l’abandon et de la perte d’amour des parents. « Pour peu qu’il soit soumis à une éducation particulièrement rigide ou à des chantages affectifs – “Si tu continues à nous désobéir, on ne pourra plus te supporter” –, ces angoisses prennent vite le dessus », explique Marie Haddou,

➡️ Si les sentiments d’inquiétude prédominent, il n’a qu’une solution : se placer systématiquement dans une posture favorable à ses parents, et devenir un être éternellement obéissant.

 l’âge adulte, ces peurs infantiles se glissent dans les relations sociales et affectives : le non reste un mot tabou.

Figé dans cette posture infantile, on s’imagine que l’on ne survivra pas à une crise, à un désaccord avec des êtres forcément plus puissants que soi.

📌 Parce que vous manquez de confiance en vous: L‘incapacité à répondre non vient de la tendance à accorder une plus grande importance aux désirs de l’autre qu’aux siens.💥

🔸 “Liée à une image négative de soi, cette attitude est une façon de se dévaloriser” nous dit Dominique Fromm, formateur en développement personnel.

🔸On en vient en effet à préférer satisfaire les attentes de l’autre plutôt que s’intéresser à ses besoins, avec toutes les frustrations et colères que cela implique:

✅ colère contre soi-même d’avoir accepté une tâche, un projet, une relation non désirée

✅ colère contre celui qui a su obtenir de nous ce qu’il voulait.

« Ces personnes qui ne savent rien refuser restent toujours “à côté d’elles-mêmes”, ce qui, bien évidemment, se révèle être un obstacle à leur épanouissement personnel » Dominique Fromm.

🔸 A cette insatisfaction s’ajoute, paradoxalement, la culpabilité générée par une vision dépréciative de la part de l’autre. En effet, comment garder confiance en quelqu’un qui répond systématiquement par l’affirmative ? Son oui est-il un vrai oui ou un faux non ?

➡️ C’est la crédibilité et l’honnêteté de l’éternel consentant qui sont remises en question.

📌 Pour nourrir (paradoxalement) un sentiment de toute-puissance

La volonté de ménager l’autre, de ne pas le décevoir semble une raison suffisante pour ne jamais dire non.💥

🔸 Mais, comme le remarque Marie Haddou, elle renvoie paradoxalement au souci inconscient de « satisfaire un sentiment intérieur de toute-puissance ». La personne a une faible estime d’elle-même mais, au niveau inconscient, n’a pas renoncé à la toute-puissance.

🔸 Au bureau, madame “Oui Oui” est cette héroïne omnipotente qui accepte de prendre en charge toujours plus pour prouver aux autres – et à elle-même – qu’elle peut tout assumer.

🔸 Dans le cadre des relations amicales et amoureuses, c’est l’ami sollicité de toute part, toujours disponible et présent pour chacun.

➡️ Ainsi, le oui donné à tous flatte un ego qui, au fond, se croit unique et irremplaçable.

Que faire ?

🍀 Connaître ses limites.

Pour s’affirmer, il faut être dans la capacité à se définir : impossible de savoir répondre « oui » ou « non » aux sollicitations si nous n’avons pas d’abord pour nous-même une idée claire de nos envies et de nos limites.

La première étape consiste donc d’avoir en tête ce qui compte pour soi dans tous les domaines de la vie : ses valeurs, son rythme de vie, ses goûts, ses priorités… Avec cette liste, nous dessinons les contours de notre « territoire de vie » et posons des repères intimes auxquels nous référer quand les autres nous sollicitent.

🍀 Exprimer son malaise

« Je ne suis pas à l’aise pour te dire non » ou « J’ai peur que tu sois vexé si je refuse » : exprimer l’émotion qui nous fait hésiter à prononcer un « non » crée un climat de complicité qui met les deux partis en confiance. Cela permet d’éviter à l’autre le choc d’un « non » inattendu, mais également d’exposer une partie de sa vérité ; il ne reste plus, ensuite, qu’à s’expliquer.

🍀 Mesurer l’impact du refus sur soi-même

Nous refusons souvent de formuler un « non » par volonté de préserver l’autre : « Et s’il le prenait mal ? » C’est oublier que nous ne sommes pas responsables des émotions d’autrui : il n’appartient qu’à lui de bien ou de mal réagir à nos décisions. Prendre ce recul vis-à-vis des autres est indispensable ; il ne s’agit pas de se déresponsabiliser, de s’autoriser des refus blessants, mais bien de se débarrasser d’une culpabilité excessive qui incite à envisager les conséquences d’un « non » pour l’autre plutôt que pour soi. Au lieu de tenter d’imaginer les réactions de nos tiers, réfléchissons aux répercussions qu’un « non » ou un « faux oui » auraient sur nous. « Serai-je honnête avec moi-même si j’accepte cette invitation ? » ; « Ai-je envie de renoncer à ce projet auquel je tiens pour accepter ce nouveau poste ? »… Prendre le temps de ces réflexions – quitte à demander un délai avant de donner une réponse définitive – permet d’éviter des engagements précipités.

🍀 Réajuster sa réponse après réflexion

« Je t’ai dit oui, mais en y songeant, je me rends compte que cela ne me convient pas », « J’ai accepté ce dossier parce que j’ai du mal à dire non, mais je suis déjà débordé. » Revenir sur sa première réponse n’est ni un aveu de faiblesse, ni une impolitesse. Cela revient à donner à l’autre une preuve de confiance, en lui confirmant notre volonté de l’informer de ce qui est important pour nous. Car en osant opposer des « non » et en apprenant à exprimer de vrais « oui », c’est la qualité de nos relations que nous repensons : afin qu’elles ne soient plus de convenance ou de manipulation, mais fondées sur la sincérité et le respect de l’autre… et de soi.

🍀 Clarifier la situation

Trop de justifications tuent le « non » : elles trahissent un sentiment de culpabilité, et nous font perdre toute crédibilité. Pour autant, difficile d’imposer un « non » sans explications. Il s’agit donc de réapprendre à formuler ces dernières de façon structurée : le but est d’aider notre interlocuteur à cerner le cheminement de notre raisonnement. Pour cela, commencer par rappeler les faits : « Tu me dis donc que tu as accepté cette invitation sans me demander mon avis », ou « Vous me demandez de traiter ce dossier ». Ensuite, exposer les conséquences pour soi : « Cela va à l’encontre de mes projets », ou « Cela me surcharge dans mon travail. » Enfin, souligner l’émotion que cette situation crée en nous, en parlant toujours à la première personne : « Je ne me sens pas respecté », plutôt que « Tu es égoïste » ; ou « J’ai le sentiment que mon travail n’est pas reconnu » plutôt que « Vous dénigrez mes efforts »… Récit clair et sincère, ton personnel, mais pas accusateur : le cadre idéal pour accueillir une réaction posée et respectueuse.

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