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Comprendre les émotions d’autrui est une aptitude naturelle de notre cerveau, mais elle peut également être cultivée tout au long de la vie. Décryptage.

Dans divers contextes tels que le milieu professionnel, médical, éducatif et familial, cette aptitude relationnelle est désormais considérée comme essentielle à la cohésion sociale. Fondée sur une compréhension intuitive de l’autre et la capacité à se mettre à sa place tout en préservant son identité, l’empathie est cruciale pour notre bien-être et notre adaptation.

Cette capacité permet aux individus de prendre soin des leurs, de répondre à leurs besoins, de collaborer pour réaliser des projets collectifs et de construire des communautés unies… Pourtant, certains semblent plus doués que d’autres dans ce domaine. Pourquoi cette disparité ? L’empathie est-elle innée ou peut-on la cultiver ?

Miroirs neuronaux et prédispositions génétiques.

L’empathie, une compétence psychologique, trouve également ses fondements dans les mécanismes neurologiques scrutés avec attention par la recherche scientifique. Ces mécanismes reposent sur ce que l’on nomme les “neurones miroirs”, dont le rôle a été mis en lumière en 1992 par l’équipe du neurophysiologiste Giacomo Rizzolatti de l’université de Parme, lors d’observations effectuées sur le cerveau des singes.

Ces neurones particuliers s’activent aussi bien lors de nos propres actions que lorsque nous observons quelqu’un d’autre les réaliser. Par conséquent, la perception d’expressions émotionnelles telles que le dégoût ou la tristesse chez autrui peut engendrer chez nous une résonance émotionnelle similaire, puisque les régions cérébrales associées à ces émotions s’activent en réaction.

Des facteurs génétiques peuvent également influencer l’empathie, créant ainsi des conditions plus propices chez certains individus. Une étude de grande envergure réalisée par l’université de Cambridge en 2017 et portant sur près de quatre-vingt-dix mille participants a révélé qu’un gène spécifique, le LRRN1 localisé sur le chromosome 3, pourrait être associé à une aptitude accrue à percevoir les émotions d’autrui.

Deux facettes de l’empathie: émotionnelle et cognitive. 

Arnaud Carré, chercheur en neuropsychologie à l’université Savoie-Mont-Blanc, souligne qu’alors que certains gènes pourraient influencer l’empathie, il est rassurant de savoir que cette capacité peut être développée chez chacun. Il distingue généralement deux types d’empathie : l’émotionnelle et la cognitive.

Dès les premiers mois de vie, nous sommes capables d’empathie émotionnelle, qui se manifeste par exemple devant la tristesse d’autrui. Des recherches menées dès 1970 par Marvin Simner de l’université de Western Ontario ont montré que des nouveau-nés de 5 jours pleuraient plus fort en entendant les pleurs de bébés de leur âge. Des études ultérieures en 1987 par Grace B. Martin et Russell D. Clark de l’université de Floride ont confirmé que cette “contagion émotionnelle” est plus forte avec des individus qui nous ressemblent.

La réaction des bébés varie considérablement en fonction de leur âge ainsi que du stimulus, comme le montre l’observation de leur réponse différente aux pleurs d’un bébé humain plus âgé par rapport à ceux d’un jeune chimpanzé, malgré des vocalisations similaires. À partir de l’âge de 4 ou 5 ans, nous commençons également à développer notre empathie cognitive, laquelle nous permet de comprendre les raisons sous-jacentes des émotions d’autrui et d’adapter notre comportement en conséquence. Arnaud Carré souligne que l’empathie émotionnelle, qui est associée à l’activation de l’amygdale dans le système limbique du cerveau, est plus innée et automatique, tandis que l’empathie cognitive, qui implique le néocortex, est davantage le résultat d’un apprentissage.

L’empathie à l’école. 

Pour combattre le fléau du harcèlement scolaire, des programmes d’éducation à l’empathie, inspirés de l’expérience danoise avec le programme Fri For Mobberi (“Libéré du harcèlement”) en place depuis près de vingt ans, devraient être généralisés dans les écoles dès la prochaine rentrée. Cette initiative démontre que l’empathie peut être enseignée : d’après une enquête, 70 % des professionnels constatent une augmentation de la bienveillance chez les enfants âgés de 0 à 9 ans ayant suivi ce programme. Ce dernier les aide à mieux identifier les émotions, à savoir exprimer leur refus, et à adopter les comportements d’un “bon ami”.

Selon la psychologue Rébecca Shankland, professeure en psychologie du développement à l’université Lumière-Lyon 2, l’empathie peut être développée à tout âge, notamment grâce à des pratiques telles que la méditation de pleine conscience. Elle explique que se concentrer sur ses propres sensations sans les juger permet non seulement de cultiver cette conscience de soi, mais aussi de développer une attention accrue envers autrui. La pleine conscience nous aide à envisager une situation sous différents angles, ce qui réduit les jugements envers autrui lorsque leurs pensées ou actions diffèrent des nôtres.

 

En conclusion, l’empathie, bien que partiellement influencée par la génétique, peut être cultivée tout au long de la vie. Essentielle dans divers contextes comme le travail, l’éducation, et la famille, elle renforce la cohésion sociale et le bien-être collectif. Grâce à des pratiques comme la pleine conscience et des programmes éducatifs, chacun peut développer cette aptitude.

Un coach peut également apporter son soutien en aidant à développer l’empathie, en fournissant des outils et des techniques pour mieux comprendre et soutenir les autres. Investir dans l’empathie permet de créer des communautés plus harmonieuses et collaboratives.

1. Autrice, avec Christophe André, de Ces liens qui nous font vivre, éloge de l’interdépendance (Odile Jacob, “Poches”, 2022)
 

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